Opinion: Génération BREXIT, quel avenir pour la jeunesse britannique ?

“Business first, business for ever” tel est le leitmotiv qui circule à la City. Seules les conséquences économiques du Brexit sont sur les lèvres des financiers et des journalistes britanniques. Il ne faut pourtant pas moins qu’une disparition tragique, celle de la députée Jo Cox, pour que les débats prennent une tournure plus politique. Et c’est sans compter l’absence de la voix des jeunes dans ce référendum qui engage pourtant le pays de sa Majesté, qui vient tout juste de célébrer ses 90 ans. Or, nul responsable politique ne peut s’affranchir de la jeunesse, de ses ambitions et de ses rêves qu’ils soient britanniques et européens.

De nombreuses études économiques, que ce soient celles du camp du Bremain ou du Brexit, viennent alimenter les débats économiques. Si ce référendum se révèle positif, l’impact pour l’industrie financière de la City se fera ressentir fortement au profit peut-être des places de Paris, Singapour, Francfort ou Dublin sans oublier les soubresauts négatifs pour le tissu des TPE & PME exportatrices. La sociologie peut être éclairante pour comprendre le vote à venir : dans un pays où les effectifs de fonctionnaires restent faibles, les salariés du secteur privé et leur entourage représentent une large majorité des 45 millions d’électeurs enregistrés.

Dé-corréler le politique de l’économique est une vraie gageure !

Les représentants emblématiques du débat, David Cameron (RemaIN), Boris Johnson (Leave), Nigel Farage (Leave), Jeremy Corbyn (RemaIN) ou encore, côté Pop, Noel Gallagher (Leave) et Sir Bob Geldof (RemaIN) ont tous plus de 50 ans. Et les représentants des TPE-PME n’échappent pas à ce constat : Carolyn Fairbairn (Confederation of British Industry), 55 ans, qui soutient le maintien ou John Longworth (British Chamber of Commerce), 58 ans, qui soutient la sécession à titre personnel. Il serait disgracieux de leur reprocher d’avoir vieilli mais ils articulent les enjeux de leur campagne presque uniquement autour de leur génération, ancrée en grande partie, dans le XXème siècle dont le discours de Bruges de Thatcher et son « I want my money back ».

Et quid des plus de 7 millions de jeunes de 15 à 24 ans que compte le Royaume-Uni ? Pourquoi se sentent-ils si loin de ce référendum qui vise à revenir sur l’histoire du pays ? Pour y répondre, une mise en perspective s’impose. A quoi ressemblera ce pays insulaire en 2059, c’est-à-dire dans 43 ans, l’âge de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Europe ? Que seront devenus les enfants des banquiers de la City, des vendeurs d’Oxford Street, des bobbies, des infirmières du NHS, des pêcheurs du Loch Ness ou encore des conducteurs du métro de Manchester ? La rupture générationnelle s’apparente à une bombe à retardement.

Votez pour Génération ERASMUS plutôt qu’une Génération BREXIT !

Quel dommage, dans un pays façonné par le traditionnel British Parliamentary Debating, de ne pas associer les jeunes aux enjeux. Pourtant, cette jeunesse britannique très urbanisée, bien loin des cottages de la Révolution industrielle, relie depuis Londres, en train, plus rapidement Paris, Bruxelles, Amsterdam qu’Edinburgh ou Cardiff. Et pourtant ce sont bien ces jeunes de moins de 25 ans qui seront aux commandes du l’archipel dans 43 ans. Ces jeunes électeurs, qui selon un sondage YouGov, sont parmi les plus enthousiastes pour rester dans l’Union Européenne (RemaIN) mais également la catégorie de la population la moins décidée à aller voter le 23 juin prochain. Ces jeunes représentent un groupe d’influence qui pèse fortement pour l’avenir mais reste le moins représenté. Alors, jeunes britanniques, votez pour une Génération ERASMUS plutôt qu’une Génération BREXIT. Prenez votre destin en main et allez aux urnes !

Jean-Pascal Sibiet (@JPascalSibiet) est membre du Bureau du Conseil Franco-Britannique, Conseiller du CEO et du Board of Trustees de University of London in Paris. Il est fondateur des Franco-British Connections, association d’étudiants et d’anciens étudiants franco-britanniques. Les Franco-British Connections sont par statut apolitique; l’association, active depuis 2008, incite le débat d’idées.

Florian Bercault (@FlorianBercault) est Vice-Président des Franco-British Connections, alumni de Sciences Po et HEC et très engagé dans le monde associatif, politique et entrepreneurial.

Sources

Expert Opinion: How is the EU Referendum Likely to Impact Small Businesses? – Torfx
YouGov / Times Survey Results – 23/24 May 2016
Gone International: mobile students and their outcomes – go international
Never Ending Rivalry or looking closer at the European youth from a Franco-British Perspective – Franco-British Connections
French Debating Association